Sculpture Tension, libération et vulnérabilité

Dualité

Tension est née d’un moment intérieur contrasté, presque déchiré : un élan vers la liberté et, simultanément, la conscience d’une limite encore présente.
D’un côté de la sculpture, la forme s’étire, se redresse, cherche l’ouverture. De l’autre, la matière se replie, se contracte, exprimant une émotion plus sombre — une tristesse, une retenue, un poids invisible.
Cette dualité fait toute la force de l’œuvre.

La silhouette, pleine et élancée, semble porter en elle une énergie qui cherche à se frayer un chemin hors de ce qui la contraint.
Les lignes verticales, nerveuses, glissent le long du dos et du torse, comme les traces d’un mouvement contenu, d’une volonté qui hésite encore à s’affirmer.
Le bronze patiné, sombre et doré, renforce cette impression de lutte intérieure : la lumière accroche certaines zones, tandis que d’autres restent dans l’ombre, comme si la sculpture oscillait entre l’éveil et l’étouffement.

Une pièce à double face, née d’une vérité vécue

Tension est l’une des sculptures les plus autobiographiques de Catherine Chavigny.
Lors de sa création, une double réalité se manifestait : la sensation d’une libération — la conviction d’avoir franchi une étape importante — et, en même temps, l’apparition inattendue d’un autre visage, celui d’une tristesse plus enfouie, d’une douleur encore vive.
Cette ambivalence s’est inscrite dans la terre avant même d’être pensée : un côté ouvert, libre ; l’autre, tendu et sombre.
C’est cette sincérité brute qui donne à la sculpture sa puissance.

La matière ne ment pas : elle dit ce qu’on ne voit pas toujours soi-même.
En cela, Tension est une pièce essentielle — un miroir d’un moment où l’on croit s’être affranchi, alors que la route vers la libération véritable se poursuit encore.

Vers la libération

La sculpture témoigne d’un passage.
Elle ne représente pas la liberté, mais le chemin vers elle : un espace intermédiaire, fragile, où la force et la vulnérabilité cohabitent.
Le mouvement vers l’avant est perceptible, même s’il reste hésitant.
Il y a dans cette forme une promesse — celle d’une ouverture qui, un jour, deviendra totale.

Tension rappelle que la liberté n’est pas un état soudain, mais un processus.
Qu’il faut parfois traverser la douleur pour en extraire la lumière.
Et que dans cet entre-deux, dans cette zone de tiraillement, naît souvent la plus grande transformation.